Ce rêve, fondateur, est de C.G.Jung lui même, donné dans « Ma vie », pages 256-257.
Je me trouvais dans une maison à deux étages, inconnue de moi. C’était « ma » maison. J’étais à l’étage supérieur. Une sorte de salle de séjour avec de beaux meubles de style rococo s’y trouvait. Aux murs, de précieux tableaux étaient suspendus. J’étais surpris que ce dût être ma maison et je pensais : « Pas mal ! » Tout à coup me vint l’idée que je ne savais pas encore quel aspect avait l’étage inférieur. Je descendis l’escalier et arrivai au rez-de-chaussée. Là tout était plus ancien : cette partie de la maison datait du XV° ou du XVI° siècle.
L’installation était moyenâgeuse et les carrelages de tuiles rouges. Tout était dans la pénombre. J’allais d’une pièce dans une autre, me disant je dois maintenant explorer la maison entière ! J’arrivai à une lourde porte, je l’ouvris. Derrière je découvris un escalier de pierre conduisant à la cave. Je le descendis et arrivai dans une pièce très ancienne, magnifiquement voûtée. En examinant les murs je découvris qu’entre les pierres ordinaires du mur étaient des couches de briques, le mortier en contenant des débris. Je reconnus à cela que les murs dataient de l’époque romaine. Mon intérêt avait grandi au maximum. J’examinai aussi le sol recouvert de dalles. Dans l’une d’elles je découvris un anneau. Je le tirai : la dalle se souleva, là encore se trouvait un escalier fait d’étroites marches de pierre, qui conduisait dans la profondeur. Je le descendis et parvins dans une grotte rocheuse, basse. Dans l’épaisse poussière qui recouvrait le sol étaient des ossements, des débris de vases, sortes de vestiges d’une civilisation primitive. Je découvris deux crânes humains, probablement très vieux, à moitié désagrégés.
Puis je me réveillai.
Commentaires de C.G.Jung :
La maison représentait une sorte d’image…de ma situation consciente d’alors, avec des compléments encore inconscients. La conscience était caractérisée par la salle de séjour ; elle semblait pouvoir être habitée malgré son style vieillot.
Au rez-de-chaussée commençait déjà l’inconscient. Plus je descendais dans la profondeur, plus tout devenait étrange et obscur. Dans la grotte je découvris des restes d’une civilisation primitive, autrement dit le monde de l’homme primitif en moi ; ce monde ne pouvait guère être atteint ou éclairé par la conscience.
Ce rêve décrivait comme un diagramme structural de l’âme humaine, une condition préalable de nature essentiellement impersonnelle… Par ce rêve je soupçonnais pour la première fois l’existence d’un a priori collectif de la psyché personnelle.