L’éternelle genèse

 Genèse de l’humanité, le premier homme et la première femme, Adam et Eve. Et depuis, toujours l’évolution du Masculin et du Féminin
    Dans la Bible comme dans le Coran Dieu crée les cieux et la terre, éclaire le chaos des ténèbres puis crée l’Homme qui, fait à sa ressemblance, parachève la création. André Chouraqui dira que l’Homme est placé « comme un isthme, entre la lumière et l’obscurité »
    Adam est le premier humain qui va prendre conscience, en la voyant à l’extérieur, d’une autre polarité que celle qu’il pense connaître, celle dont il a l’apparence. Et ce féminin lui proposera de goûter au fruit de l’arbre du Bien et du Mal mais Adam ne comprend pas de quoi il s’agit. Eve le comprend-elle ou sont ils tous les deux encore inconscients ? Ils sont « chassés du Paradis » et c’est alors un long chemin qui s’ouvre aux hommes et aux femmes de cette Terre, pour être à nouveau dans ce Paradis. Et ce sera par la connaissance d’eux-mêmes, de leur nature divine, et, selon l’approche jungienne, par la connaissance de leur complétude, s’inscrivant dans le cosmos par l’union de leur Masculin et de leur Féminin, énergies primordiales de toutes les cosmologies.

    Avec C.G Jung l’exploration, le ressenti des registres du Masculin et du Féminin se fait grâce à des archétypes, l’Anima chez l’homme et l’Animus chez la femme. Au cours de notre vie chacun de ces archétypes évolue et nous anime différemment. Ainsi Agnès Vincent, psychanalyste jungienne illustre cette évolution pour l’Animus : d’abord très conventionnel, dominateur, laissant la femme dans l’ombre, puis la faisant, en réaction, se lancer dans la compétition sociale, sans beaucoup d’égards pour sa féminité. Ceci jusqu’à ce que le Soi puisse être entendu, qui demande à l’Animus de ne pas dominer la femme, ni par le mode de l’écrasement ni par celui de la révolte, aucun n’allant dans le sens de son individuation. Puis l’Animus, dont le rôle prioritaire est d’être un pont vers le Soi, un faiseur de liens symboliques, pourra enfin porter la parole de la sagesse féminine et encourager la transformation du monde. Cette exploration nous permet donc une approche accessible de notre dialogue entre le conscient et l’inconscient, de notre nature humaine et divine.
    Enfin, si l’on écoute Annick de Souzenelle, autre psychanalyste jungienne, on retrouve ces deux approches conjuguées : « … Adam est créé « mâle et femelle » ; cela signifie que sur un plan animal .. nous sommes biologiquement hommes et femmes … mais sur le plan de l’Homme émergeant à sa réelle dimension d’Homme, au-dessus de l’animal, … la signification est différente : tout être humain est alors  « mâle » lorsqu’il se souvient de l’immense potentiel dont il est constitué dans ses profondeurs ; ce potentiel est appelé la Adamah, elle est mère des profondeurs, le pôle « femelle » au cœur duquel est scellée secrètement l’image divine, semence de tout être, qui fait sa personne propre, unique….. ». Elle précise que ce qui est appelé Arbre de la Connaissance « du bien et du mal » désigne en fait l’Homme lui-même dans ses deux côtés – conscient et inconscient -, relatifs aux deux pôles respectifs mâle et femelle, que l’hébreu nomme « accompli et non encore accompli ». Ainsi tout homme et toute femme accomplit son potentiel par le mariage intérieur du masculin et du féminin.

    Chacun tout au long de sa vie fait ses expériences et, de manière plus approfondie lors d’un travail analytique jungien, fait ses prises de conscience et se découvre, découvrant l’autre et l’autre partie de soi-même, vers la conjonction du masculin et du féminin et de tous les opposés, qui ouvre ce « Paradis ». Il s’agit d’observer nos ressentis, nos comportements, de chercher à les comprendre, à trouver des alternatives. Aussi d’être attentif à l’autre, l’accueillir dans sa différence, qui nous enseigne sur notre propre personnalité, avec ses ombres, que nous découvrons progressivement. Et accueillir nos rêves, qui éclairent non seulement nos ombres, mais aussi nos ressources pour développer cette connaissance de nos deux polarités et de leur conjonction. Ce faisant nous acquérons une capacité à connaître d’autres polarités comme le visible et l’invisible, le matériel et le spirituel … et à les conjuguer.
    A chaque étape, à chaque naissance, de genèse en genèse, nous participons de façon plus juste au monde et parcourons le chemin allant de la dualité au retour vers l’Unité, dans un apprentissage et un vécu de l’amour.

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