J’étais avec ma mère et mon frère. Nous allions à l’hôpital voir ma grand-mère maternelle qui était très vieille et malade : on se doutait qu’elle arrivait à la fin de sa vie. A l’hôpital on nous montrait comment il fallait nettoyer une alèse à l’aide d’un désinfectant . C’était un hôpital sympathique et ensoleillé. Ma grand-mère semblait prise en charge par la structure hospitalière et en même temps, il fallait accomplir des gestes et des actes que le personnel ne faisait pas ou qui étaient de notre responsabilité. C’était un système hybride : ça nous donnait l’impression qu’on n’était pas dans le chagrin et l’angoisse, mais plutôt dans l’attitude distanciée du personnel soignant.
Arrivait le moment du repas : malgré la maladie de ma grand-mère, ma mère se réjouissait, manifestait de l’appétit et disait : on va partager un poulet. On se retrouvait donc avec mon frère en train de pique-niquer dans un jardin.
La femme qui a reçu ce rêve est en analyse depuis plusieurs années, elle a une soixantaine d’années. La relation avec sa mère a toujours été difficile et cause de souffrance pour elle. La relation de sa mère avec sa propre mère était d’ordre fusionnel et notre rêveuse s’est sentie isolée, incomprise, dévalorisée par ces deux femmes.
Désormais, après un long travail sur le complexe mère et une affirmation de son identité, l’équilibre psychique apparaît rétabli : sa mère peut dire adieu tranquillement à sa mère, et ainsi au poids de la lignée maternelle, pour elle et pour notre rêveuse. La grand-mère est en effet prise en charge par une structure de soin à laquelle la famille participe, de façon distanciée.
Le processus alchimique, signifié par le poulet avec ses couleurs noire, blanche et rouge, est arrivé à son terme pour cette problématique, et celle ci peut être intégrée par toute la famille, lors de ce repas symbolique.