Sur notre chemin vers le Soi il y a diverses manières de favoriser nos prises de conscience, comme la méditation, les contes, les récits mythologiques et les rêves.
Et maintenant que nous sommes dans l’Ère du Verseau nous pouvons percevoir plus facilement le Soi, intérieurement, ainsi que, en étant attentifs, les chemins qui y mènent.
Ainsi, par exemple lorsque nous nous intéressons à la quête arthurienne, nous pouvons nous interroger sur le château du Graal. Et la question n’est pas vraiment « est ce que cela existe ou pas » ou « est ce réel ou non ? » mais plutôt « où cela existe-t–il, dans quel espace ? » Et nous pouvons nous poser les mêmes questions pour nos rêves.
C’est, pour Annick de Souzenelle, Henry Corbin et bien d’autres, dans le monde imaginal, le monde où « ont lieu » non seulement les visions des prophètes, les visions des mystiques, les événements visionnaires que traverse chaque âme humaine lors de son exitus de ce monde, mais aussi les gestes des épopées héroïques et des épopées mystiques, les actes symboliques de tous les rituels d’initiation…… comme aussi bien le processus ésotérique de l’Opération alchimique. Alors, si l’on prive tout cela de son lieu propre, qui est ce monde imaginal, et de son organe de perception propre qui est l’Imagination Active, rien de tout cela n’a plus de lieu et par conséquent n’a plus lieu.
Selon Henry Corbin, entre les perceptions sensibles et l’intellect, la place était restée vide. Ce qui occupait cette place médiane, à savoir l’Imagination Active, fut laissé aux poètes. Que cette Imagination Active ait sa fonction cognitive propre, c’est-à-dire qu’elle nous donne accès à une région et réalité de l’Etre qui sans elle nous reste fermée et interdite, c’est ce qu’une philosophie scientifique, rationnelle et raisonnable, ne pouvait envisager. Les « Platoniciens de Perse », de la lignée spirituelle de Sohravadi (XII° siècle) nommaient déjà cet intermonde entre le sensible et l’intelligible, ce monde imaginal, avec la perception imaginative, la connaissance imaginative et la conscience imaginative.
Voici donc le monde dans lequel nous sommes pendant nos méditations, nos visualisations, serions nous dans le même monde lors de nos rêves ? Voyons cela en suivant la pensée de Sri Aurobindo.
Il faut d’abord distinguer les rêves ordinaires, dont l’interprétation peut apporter des informations utiles à l’individuation du rêveur, et les expériences réalisées au cours d’un rêve. Ces dernières sont l’enregistrement de transcriptions d’événements se produisant dans les plans supraphysiques de notre existence, événements aussi réels et concrets, sinon plus, que ceux du monde physique, et dans lesquels l’état de sommeil nous permet de rentrer. Une expérience reçue d’un rêve est un enregistrement réel ou symbolique de ce qui nous arrive dans ces domaines. Les expériences de rêve produisent un sentiment profond de perception intérieure et d’élévation.
Notre conscience de veille ne perçoit pas le lien avec ces plans supraphysiques, bien que, sans en connaître le lieu d’origine, elle en reçoive les inspirations, les intuitions, les idées, les suggestions de la volonté et des sens, l’élan vers l’action, qui viennent des plans situés au-dessous ou derrière notre existence superficielle. Comme la transe, le sommeil nous ouvre la porte du subliminal, car dans ces deux situations, nous nous retirons derrière le voile de l’étroite personnalité de veille, et c’est derrière ce voile que se trouve l’existence du subliminal.
La conscience passe alors dans d’autres plans d’être qui sont reliés à nos propres plans intérieurs. Dans chacun nous assistons à des scènes, nous rencontrons des êtres, nous prenons part à des événements, nous nous heurtons à des formations, des influences, des suggestions qui appartiennent à ces plans. Même lorsque nous sommes éveillés, une partie de nous–même se meut dans ces plans, mais leurs événements ont lieu derrière un voile ; notre mental de veille n’est pas conscient.
Ce monde subliminal semble bien être en résonance avec le monde imaginal : il permet lui aussi de symboliser avec ces deux mondes, permettant ainsi de recevoir des plans divins et de transmettre au plan humain.
Et, sur la voie jungienne, c’est lorsque les opposés se conjuguent que le Soi apparaît dans les rêves, sous forme d’images bien sûr comme un mandala, un bassin ou une fontaine au milieu d’un jardin, d’une place ronde ou carrée . Conjonction donc des sens et de l’intellect, de l’intérieur et de l’extérieur, du haut et du bas, du Soleil et de la Lune, du masculin et du féminin, et bien d’autres encore, que nous découvrons et développons à l’écoute de nos rêves.